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Agoraphobie : définition, causes, symptômes et traitement

Lutter contre l’angoisse

On appelle névroses un groupe d’affections fréquentes, au coeur desquelles se trouve la maladie anxieuse. On les oppose aux psychoses, en fonction de la position du patient par rapport à la réalité : dans la psychose, le patient perd le contact avec celle-ci, tandis que le névrosé est en conflit avec elle et garde une conscience importante de ses troubles. Mais il existe des cas graves de névrose où la frontière qui la sépare de la psychose n’est pas très nette, et les troubles névrotiques sont parfois plus graves et plus invalidants que beaucoup de psychoses.

Agoraphobie

Agoraphobie: définition

Le terme de névrose a une définition précise, désignant un trouble mental qui ne correspond à aucune base organique précise, vis-à-vis duquel le malade garde sa lucidité, qui n’entraîne pas d’altération du sens de la réalité, ni de confusion chez le sujet entre ses expériences subjectives ou pensées morbides et la réalité extérieure.
Le comportement névrotique est perturbé, mais il reste dans des limites socialement acceptables, et la personnalité n’est pas profondément désorganisée.
Les symptômes névrotiques sont connus depuis longtemps, mais c’est à la fin du XIXe siècle que la maladie a été le mieux comprise, grâce en particulier à la psychanalyse, la théorie la plus apte, sans doute, à en saisir les mécanismes.

LE TRAVAIL DE CHARCOT

Avant Freud, les névroses étaient surtout représentées par un ensemble de maladies parmi lesquelles l’on reconnaissait l’hystérie, les obsessions, les phobies. Le grand théoricien de l’hystérie fut le professeur Charcot de l’hôpital de la Salpêtrière, où il acquit ses lettres de noblesse. Il faut rappeler ici comment il a découvert l’importance de l’hystérie. À la Salpêtrière, il y avait un service d’épileptiques, et Charcot fut le premier à remarquer que, dans ce service ou les services environnants, un certain nombre de personnes, pour la plupart des femmes, étaient capables d’imiter parfaitement les symptômes de la crise d’épilepsie, et que ce tableau pouvait être reproduit par simple suggestion. Avant lui, on traitait ces femmes de tricheuses et de menteuses, et elles étaient l’objet du rejet du corps médical. Charcot a reconnu dans ce syndrôme étrange une véritable maladie, dont il a décrit minutieusement les symptômes, ce qui lui valut sa notoriété.
Charcot a notamment étudié la grande crise d’hystérie, qui s’apparente à une crise d’épilepsie ou un état de transe, avec des contractures musculaires, des tremblements, des cris, le tout dans une atmosphère impressionnante d’angoisse.
L’un des jeunes médecins qui assistaient aux démonstrations du Pr. Charcot et le vit suggérer à des femmes de se mettre dans un état hystérique était Sigmund Freud. Fort impressionné par cette démonstration, il formula quelques années plus tard une théorie de l’hystérie et des névroses en général.

LES TRAVAUX DE FREUD

Quand Charcot s’était contenté de décrire les symptômes de l’hystérie, Freud, lui, en chercha les causes et un traitement. À ses yeux, l’origine de l’hystérie et des névroses en général est un conflit très ancien et devenu inconscient, créant de l’angoisse. Ce conflit se manifeste à l’âge adulte et dans des circonstances diverses. Il se déclare par de purs signes d’angoisse ou des symptômes divers : l’angoisse peut se convertir par exemple en manifestations corporelles (ou somatiques), et c’est l’hystérie, mais elle peut aussi se transformer en deux autres types de maladies, phobies (névrose phobique) ou obsessions (névrose obsessionnelle).
Selon Freud, un noyau pathologique d’angoisse ou d’anxiété (ces deux mots ont ici la même signification) est donc au coeur de la névrose. L’anxiété se manifeste comme pure angoisse : le malade dit qu’il est angoissé et se plaint de crises d’anxiété, d’un sentiment aigu d’inquiétude s’accompagnant de signes physiques caractéristiques, comme tremblements, transpiration, boule dans la gorge et tachycardie. Mais l’angoisse peut aussi se transformer, se déplacer et donner des symptômes qui n’ont apparemment rien à voir avec elle : c’est la phobie, l’obsession, et la fameuse hystérie décrite par Charcot. Le grand mérite de Freud fut de montrer qu’il y a un lien logique et évident entre la peur des araignées, l’obsession de la propreté et les crises de nerfs de l’hystérique. Toutes ces maladies nerveuses qui avaient frappé les anciens relèvent en fait d’un seul mécanisme central et fondamental, l’angoisse.
Avec Freud et après lui, on a décrit quatre grandes névroses la névrose d’angoisse, l’hystérie (névrose hystérique), la névrose phobique et la névrose obsessionnelle. Ces quatre types de troubles sont à la fois des maladies mentales, parce qu’elles conduisent souvent chez le psychiatre, et des phénomènes quasiment normaux. Chacun d’entre nous, dans ses structures mentales, est plus ou moins hystérique, connaît des obsessions ou des phobies. Le simple fait d’être terrorisé par les souris ou par les araignées relève de la névrose phobique. Et nous pouvons réagir, à certains moments, de façon hystérique face à des événements. D’ailleurs, depuis la vulgarisation des théories de Freud, on pense que toutes les femmes ont une tendance à l’hystérie et tous les hommes à l’obsession.
Mais si la névrose appartient à la vie quotidienne, elle peut également engendrer des états graves, exigeant un traitement adapté.

LA PSYCHANALYSE

La théorie de Freud engendra tout naturellement un traitement, la catharsis, qui, plus tard, donna naissance à la psychanalyse. Si la névrose est la conséquence d’un conflit ancien et enfoui, Freud posait l’hypothèse qu’il était nécessaire de faire resurgir ce vécu oublié à la conscience, de le revivre, afin de le maîtriser. C’était là l’objectif initial de l’hypnose, qui mettait les patients dans un état spécial et leur permettait d’arriver à une véritable catharsis, un état de transe dans lequel on revit un événement passé. Plus tard, Freud s’aperçut qu’il n’était pas nécessaire de passer par cet état particulier et il abandonna l’hypnose : il suffisait de parler, selon la technique de la libre association, d’exprimer tout ce qui venait à l’esprit. La psychanalyse était née et allait connaître le succès qu’on lui concède jusqu’à nos jours.

DE NOUVELLES THÉORIES

Aujourd’hui, la psychanalyse a perdu une partie de son prestige, battu en brèche par d’autres théories, même si elle garde une valeur reconnue, notamment en France. D’autres conceptions ont apporté leur pierre à l’édifice de la compréhension des névroses : les recherches génétiques montrent qu’il existe des familles d’anxieux, les recherches comportementalistes et cognitives découvrent des phénomènes d’auto conditionnement. De nombreuses études sur les épisodes de la vie révèlent que l’éclosion des névroses, au-delà des événements de l’enfance, est souvent liée à des situations ou des incidents particuliers. Des théories sociologiques montrent que la transformation des structures familiales et économiques peut être un facteur déclenchant ou aggravant des névroses.
Les névroses sont très répandues : on estime que 3% de la population générale souffre de phobies et 5% de névrose d’angoisse, même si la plupart des névrosés ne demandent jamais à être traités. L’hystérie concernerait, quant à elle, 1 à 2% de la population.

Agoraphobie : symptômes

Les névroses sont nombreuses et différentes. On observe donc dans chaque cas des conduites et des symptômes particuliers.

LA NÉVROSE D’ANGOISSE

La névrose d’angoisse est un état névrotique permanent, dans lequel les symptômes et les comportements sont l’expression directe d’une angoisse omniprésente. Elle se manifeste par des crises d’angoisse sur un fond anxieux constant.
La crise d’angoisse a un début brutal, avec une sensation de peur sans objet et des signes physiques associés. Le patient, paralysé ou agité, se plaint de tremblements, de palpitations, de sueurs, et la crise se termine aussi rapidement qu’elle a commencé. Entre les crises, la personne présente des symptômes d’anxiété, avec une inquiétude de l’avenir, un pessimisme habituel, une sensibilité exacerbée, une hypertonie musculaire, des troubles du sommeil. Elle présente souvent un état de tension et d’alerte. Sa personnalité, où domine l’incertitude douloureuse, est caractéristique.
L’évolution de la maladie est chronique. Il y a des périodes de crise et d’autres de rémission. Elle peut rester à un stade peu intense, mais peut aussi réaliser un tableau dramatique.

LA NÉVROSE HYPOCHONDRIAQUE

La névrose hypochondriaque, forme de la névrose d’angoisse, se caractérise par une préoccupation excessive à l’égard de sa santé et une interprétation morbide des sensations. On distingue hypochondrie névrotique et hypochondrie délirante. Le patient se soucie de manière exagérée de sa santé, souvent à partir de sensations banales, qui deviennent sources d’anxiété. Par exemple, une douleur gastrique peut être cause d’une angoisse exacerbée. Cette douleur peut affecter tous les organes, toutes les fonctions, mais il existe une prédilection pour les orifices et le tube digestif, les maladies qui concernent la bouche, le tube digestif ou l’anus. Toutes les sécrétions sont l’objet d’une attention morbide. Les examens sont normaux, ce qui oriente rapidement le médecin vers l’hypochondrie.
Souvent chronique, elle peut devenir très invalidante et désocialisante. L’hypochondriaque court les médecins, mais aussi les charlatans. À force d’échecs des thérapeutiques et de plaintes sans réponses, il s’épuise et lasse son entourage… avec pour conséquence une vie de plus en plus confinée, faite de ressassements et d’incompréhensions.

L’HYSTÉRIE

L’hystérie a été longtemps la reine des névroses, non seulement une maladie privilégiée, mais aussi un phénomène littéraire. Typique d’un conflit d’origine sexuelle, correspondant bien à l’hypocrisie bourgeoise de la fin du XIXe siècle, notamment dans le milieu que fréquentait et décrivait Sigmund Freud, elle a connu avec lui son heure de gloire.
Dans la description de l’affection, par exemple chez Freud, l’hystérique est une malade (plus rarement un malade) qui refuse la sexualité ou s’invente des symptômes (par exemple, la fameuse et classique migraine) pour éviter toute vie sexuelle. Au début, Freud pensait qu’il y avait eu vraiment dans l’enfance de l’hystérique une expérience de séduction, voire de viol ou d’inceste, qui justifierait le refus ultérieur. Plus tard, il s’aperçut que l’expérience en question, même si elle était décrite par la malade, relevait plus du fantasme que de la réalité. Elle est en fait lié au fameux complexe d’OEdipe, selon lequel la petite fille se rapproche amoureusement de son père et entre en conflit avec sa mère.
Freud a décrit une symptomatologie hystérique très riche, où l’on trouve des grandes crises à la Charcot, de type épileptique, et surtout ce que l’on a appelé des hystéries de conversion, se manifestant par des symptômes variés, parfois impressionnants : il s’agit, par exemple, de paralysies qui clouent les femmes au fauteuil roulant, d’anesthésies étendues, de troubles respiratoires, d’hémorragies génitales, de surdités et de cécités. Et le phénomène était d’autant plus extraordinaire que ces maladies apparemment graves pouvaient guérir entièrement par la suggestion d’un thérapeute expérimenté.
Même si ces troubles sont toujours possibles aujourd’hui, notamment dans des cultures où la sexualité est réprimée, l’hystérie s’exprime différemment. On parle davantage à présent de personnalité hystérique, caractéristique souvent de personnes séductrices, théâtrales, qui se font remarquer, au centre d’histoires compliquées, et qui pourtant présentent toutes un trait commun, celui du refus de la sexualité. Dans notre culture de libération sexuelle, ce refus est masqué par un comportement provocateur en surface : l’hystérique prétend avoir une vie sexuelle très riche. Mais celle-ci n’est faite que de séductions, rarement de passage à l’acte. Cet hyperérotisme de façade est bien illustré par l’image des mannequins hypersexuels de la publicité contemporaine. Quand la femme hystérique est mariée, elle est habituellement frigide, et un conflit conjugal s’installe rapidement.

L’HYSTERIE MASCULINE

La personnalité hystérique masculine existe également, avec une origine similaire. Il s’agit d’impuissants ou de don Juan, mais qui présentent tous la particularité d’avoir des difficultés sexuelles ou de refuser la sexualité. La bonne fortune sexuelle de ce don Juan est souvent imaginaire. Comme chez la femme, l’hystérie peut se manifester par des syndrômes de conversion, à type de douleurs de la sphère urogénitale, ou par la célèbre névrose post-traumatique, à l’origine de la découverte de l’hystérie chez l’homme. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, on pensait que l’hystérie était uniquement féminine, comme son nom le laisse entendre (hystérie = utérus). En fait, Charcot lui-même a découvert l’hystérie masculine. Mais elle a été surtout décrite après la première guerre mondiale, qui a vu défiler chez les médecins des « éclopés » dont l’état se prolongeait indéfiniment et exagérément en regard des blessures objectives. Aujourd’hui, un tableau voisin est présenté par le syndrôme subjectif des traumatisés crâniens (personnes qui se plaignent continuellement de maux de tête après un traumatisme crânien, mais dont l’examen est rigoureusement normal).
L’hystérie a toujours fasciné les hommes (« la beauté sera convulsive », a écrit André Breton) et les médecins. L’idée de séduction caractérise l’hystérie et en est inséparable. De plus, l’hystérie, toujours changeante, reste un mystère : elle n’est jamais là où l’on croit pouvoir l’enfermer et la classer, elle sait s’adapter à son époque et créer sans cesse de nouveaux symptômes.

LA PHOBIE

La phobie est un comportement d’évitement, secondaire à une peur irrationnelle, par rapport à un objet ou à une situation. Les phobies les plus communes sont celles qui concernent les animaux. Il existe, par exemple, des phobies chez tous les enfants, comme la peur du noir, et elles peuvent être considérées comme d’authentiques phénomènes de protection de l’espèce (on craint bien les animaux dangereux pour l’espèce, comme les serpents). Mais ces peurs sont également fréquentes à l’âge adulte, comme les phobies des souris, des rats, des araignées…
On classe actuellement les phobies en trois catégories.

L’agoraphobie : c’est l’impossibilité de traverser rues et places. On étend cette notion à la peur de la foule, à la crainte des lieux publics. S’il se trouve dans cette situation, le patient a une crise d’angoisse caractéristique, une attaque de panique. Cette maladie fréquente s’installe brutalement ou peu à peu ; elle est souvent invalidante, car la personne restreint de plus en plus ses sorties et activités. Elle a besoin d’être accompagnée pour la moindre sortie. L’agoraphobie peut ce compliquer d’alcoolisme et d’abus médicamenteux. Dans deux tiers des cas, l’agoraphobe est une femme, et sa maladie s’est déclarée entre vingt et trente ans.
Les phobies sociales : il s’agit de l’évitement de situations dans lesquelles l’individu peut être observé par les autres et craint d’agir d’une manière qui sera considérée comme honteuse. Ce sont des phobies fréquentes lorsqu’elles sont mineures, et elles sont rarement considérées comme pathologiques. Elles sont aussi courantes chez les hommes que chez les femmes. C’est la peur de parler en public, la peur de rougir, de manger, de boire ou d’écrire devant les autres, ou de rédiger un texte qui sera lu (la crampe de l’écrivain…), la peur d’utiliser des toilettes, la phobie sexuelle par crainte de ne pas être suffisamment performant. La peur de parler en public est le trac, et le patient n’arrive pas à s’exprimer clairement, même s’il est intellectuellement doué.
Les phobies simples : c’est l’évitement d’une situation ou d’un objet. On classe dans cette catégorie la phobie des animaux, celle des transports la claustrophobie, la phobie des hauteurs, etc. On peut ranger avec elles les phobies scolaires : elles sont parfois totales (l’enfant ne peut pas aller à l’école), souvent partielles (portant sur une matière), et à l’origine de nombreux échecs scolaires. Elles disparaissent parfois spontanément, mais ce prolongent dans certains cas jusqu’à l’âge adulte.

L’OBSESSION

La névrose obsessionnelle représente 1 % de la clientèle des psychiatres, mais elle n’aboutit jamais à une hospitalisation. Au centre de cette maladie, il y a l’obsession. C’est un mot, une image, une idée qui s’impose à l’esprit sans que le patient puisse l’éviter. La personne en reconnais toujours le caractère pathologique. Elle lutte contre cette obsession, mais en vain, et ce phénomène s’accompagne de sensations d’angoisse. Ce sont souvent des patients au niveau intellectuel élevé ; l’obsession touche autant les hommes que les femmes.
La névrose obsessionnelle associe des obsessions et des conduites rituelles pour tenter d’éviter les obsessions. Dans la forme typique, lorsqu’un patient consulte, il a déjà vécu des troubles anciens dont il s’est accommodé. Il ne consulte pas pour ces troubles, mais pour des manifestations anxieuses ou des troubles dépressifs et sexuels. Fréquemment, son entourage le pousse à consulter, car sa vie et celle de ses proches sont perturbées par ses obsessions.
Les thèmes obsessionnels sont innombrables, mais certains sont plus fréquents que d’autres, par exemple les blasphèmes ou les obscénités qui hantent une personne pieuse, les propos grossiers qui occupent l’esprit d’une personne très morale.
L’obsession de la propreté, morale et corporelle, est très fréquente. Elle peut être fort invalidante, car elle conduit à des lavages trop fréquents, engendrant parfois des lésions dermatologiques. Le patient prend plusieurs douches par jour, se lave constamment les mains, jusqu’à vingt ou trente fois dans la journée. C’est aussi, à un moindre degré, la névrose de la ménagère qui passe son temps à laver sa cuisine et à proposer des patins à ses invités parce qu’elle vient de cirer le parquet.
Ces obsessions s’accompagnent de rituels, qui servent à conjurer les craintes imaginaires. Les rituels peuvent être aussi absurdes que les obsessions elles-mêmes : au début, ils sont liés aux obsessions de façon logique et arrivent assez bien à les conjurer, mais en général ils se compliquent de plus en plus et deviennent illogiques. Ce n’est pas très invalidant lorsqu’il suffit de croiser les doigts sous la table pour éviter que viennent à l’esprit des blasphèmes ; cela devient beaucoup plus compliqué quand il faut accomplir une demi-heure de rituel avant de se coucher, en vérifiant plusieurs fois la fermeture des serrures, du gaz et des volets, ou nettoyer entièrement son appartement pour calmer son angoisse.

Agoraphobie : traitement

On a coutume de dire que nous sommes tous névrosés ce qui ne signifie pas que nous devons tous nous soigner. les névroses, pour la plupart d’entre elles, sont des traits de caractères, et il est bien difficile de les distinguer de la normalité, à moins de considérer comme anormale chaque angoisse ou le fait d’avoir de petites « manies » de rangement ou de propreté qui soulignent le côté obsessionnel de notre caractère. Un traitement ne se justifie que si le névrosé souffre ou juge que sa névrose l’empêche de vivre ou d’établir des relations normales avec les autres.
Mais riche en symptômes, la névrose l’est aussi en possibilités thérapeutiques. Si les névrosés font l’essentiel de la clientèle des psychiatres, la plupart n’ont jamais besoin d’être hospitalisés.

LES MÉDICAMENTS

Du point de vue médicamenteux, le traitement de choix est l’ensemble des remèdes capables de calmer l’anxiété, anxiolytiques, hypnotiques ou somnifères.
À ce propos, il est habituel de dire que les Français sont les plus grands consommateurs au monde de médicaments anxiolytiques : serions-nous les plus grands névrosés de la terre ? En fait, nous faisons probablement une consommation abusive d’anxiolytiques, mais chaque population a ses habitudes pour calmer ou tromper l’angoisse : médicaments, alcool, drogues (et l’on pourrait ranger parmi les thérapeutiques de l’angoisse les grandes manifestations populaires, sportives, artistiques… qui constituent des remèdes collectifs à une angoisse diffuse).
Le traitement de l’anxiété fait généralement appel à des médicaments sans danger, comme le Temesta, mais exige d’être suivi de façon rigoureuse, selon la prescription du médecin, pour éviter accoutumance ou sevrage. Pour certains syndrômes, à l’instar de l’attaque de panique, ces médicaments sont inutiles, et on leur préférera des antidépresseurs.

LA PSYCHOTHÉRAPIE

La psychothérapie est la grande méthode de traitement des névroses : elle a été inventée presque tout exprès pour elle. Mais ses mécanismes sont parfois difficiles à comprendre.
Dans sa forme la plus simple, une psychothérapie suppose une série d’entretiens avec un thérapeute spécialisé, généralement un psychiatre ou un psychologue. Au cours de ces conversations, qui peuvent avoir lieu une ou plusieurs fois par semaine, vous faites le point avec votre thérapeute, afin de repérer les conflits qui sont à l’origine de votre état névrotique.

La psychanalyse : dans certains cas, le thérapeute vous propose plusieurs variantes à cette psychothérapie. La plus connue d’entre elle est, bien sûr, la psychanalyse. La décision de se faire suivre par un psychanalyste doit être mûrement réfléchie, car le traitement est fort long (il peut durer plusieurs années) et parfois très onéreux.
Souvenons-nous que Freud et ses prédécesseurs avaient mis au point un traitement des névroses hystériques qui recourait à l’hypnose et à la suggestion. Cette méthode « cathartique » consistait, en mettant le malade dans un état particulier de suggestion (état hypnotique), à lui permettre de se remémorer certains traumatismes. Plus tard, Freud s’aperçut qu’il obtenait le même résultat en laissant parler le patient selon le principe de la libre association d’idées, en postulant que son conflit inconscient se manifesterait dans son langage. Le rôle du psychanalyste est alors de laisser parler le client et d’analyser son discours.
Petit à petit, Freud et ses disciples élaborèrent une technique analytique plus ou moins rigoureuse quant au rythme et à la durée des séances, et à leur déroulement : elles ont lieu en principe dans des conditions bien définies, le patient étant allongé sur un divan, l’analyste assis derrière lui, généralement hors de portée de sa vue. Mais la technique varie aujourd’hui d’une école psychanalytique à l’autre.
Les thérapies comportementales : même si des milliers de personnes ont défilé sur le divan des analystes, les opposants à cette thérapie sont tout aussi nombreux. Ils justifient leur aversion par la longueur du traitement et son peu d’efficacité sur les symptômes. C’est pourquoi, si la psychanalyse a des indications précises, on lui préfère souvent d’autres psychothérapies, en particulier les méthodes brèves, pour traiter certaines formes de névrose, notamment les phobies. Il ne semble pas nécessaire de suivre une psychanalyse de plusieurs années pour se débarrasser d’une peur du noir, des avions, ou des araignées.

Ces thérapies sont souvent appelées comportementales, car leur principe n’est pas de rechercher ni de comprendre l’origine du trouble, mais simplement de le faire disparaître en modifiant le comportement. Il existe pour cela des techniques de déconditionnement ou d’« immersion » (si vous avez peur du noir, on vous oblige, par exemple, à rester dans l’obscurité), qui peuvent éliminer rapidement le trouble. Maintes compagnies d’aviation proposent ainsi des cours et des séances de soins aux personnes, relativement nombreuses, qui ont peur de voyager en avion.
Enfin, il est possible d’utiliser des techniques hypnotiques, qui, après être tombées en désuétude pendant des décennies, redeviennent aujourd’hui à la mode.

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LA SPASMOPHILIE, FORME MODERNE D’HYSTÉRIE

La spasmophilie est une maladie fréquente, qui se manifeste par des contractures, surtout aux bras et au visage. Elle est calmée par des injections de calmants, de calcium ou de magnésium. Pour les psychiatres, la spasmophilie est également un signe hystérique : il s’agit d’un symptôme de conversion, qui survient toujours lors de difficultés. La malade se réfugie alors dans une maladie aussi spectaculaire que peu grave.[/box]

 

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