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La surdité de l’adulte

Les causes de la surdité de l’adulte sont aussi diverses que les maladies de l’oreille. Il faut distinguer les surdités opérables de celles qui ne le sont pas et qui sont donc uniquement traitables par appareillage auditif.

Comprendre la surdité de l’adulte

Les surdités opérables peuvent être dues à un bouchon de cérumen. Le traitement est extrêmement simple : il faut retirer le bouchon de cérumen. Lorsqu’il y a une perforation du tympan, le traitement est chirurgical. Si elle correspond à une maladie de l’oreille moyenne comme un cholestéatome, le traitement est également chirurgical. Pour l’otospongiose – qui est le blocage du troisième des osselets, l’étrier, par un tissu osseux – maladie parfois familiale mais souvent un seul cas se présente dans la famille le traitement est chirurgical.
Dans tous les autres cas, il s’agit d’une maladie de l’oreille interne et seul un appareillage est possible.

Symptômes de la surdité de l’adulte

Reconnaître une surdité est facile. Le patient se plaint de ne pas entendre soit d’une oreille, soit des deux. La gène est évidemment beaucoup plus importante lorque les deux oreilles sont atteintes. Pour fixer les esprits, les compagnies d’assurance et les barèmes officiels comptent la meilleure oreille pour 80% et la plus mauvaise pour 20% et donc une perte totale d’une oreille avec une oreille complètement saine donne une audition de 80%.
Par contre une oreille atteinte à 50% de chaque côté donne une perte globale de 50%.

Transmission et perception

Lorsque la surdité est due à une lésion du conduit auditif externe ou de l’oreille moyenne, on dit qu’il s’agit d’une surdité de transmission. Lorsqu’il existe une lésion de l’oreille interne ou du nerf auditif, on dit qu’il s’agit d’une surdité de perception.
Ces deux types de surdité sont détectés par des examens différents. Le son est transmis jusqu’au système nerveux, par voie aérienne et par osseuse. Dans le premier cas, l’onde sonore vent frapper le tympan qui est ainsi soumis à une vibration microscopique. Dans le second cas, le son est transmis par l’os ce qui signifie que l’os est conducteur du son. Il s’agit d’un mode très important de transmission du son, qui s’avère très utile lorsqu’il y a une lésion du tympan.

  • Pour mesurer la conduction aérienne il suffit de faire entendre des sons d’intensité progressive à chaque oreille et de repérer les éventuels déficits. Si le patient n’entend pas certains sons, il existe une atteinte de l’oreille, sans que l’on puisse encore définir son origine.
  • Pour mesurer l’audition par conduction osseuse, on place sur le crâne une source sonore, par exemple un diapason. La vibration est transmise à l’oreille par l’intermédiaire de l’os, directement au niveau de l’oreille interne. Si on repère un déficit dans ce mode de transmission on peut dire que le patient souffre d’une atteinte de l’oreille interne alors que l’oreille moyenne et l’oreille externe peuvent être en excellent état.

On dit qu’il y a une « surdité de transmission » lorsqu’on observe une élévation du seuil de la conduction aérienne tandis que la conduction osseuse est normale. Lorsqu’il y a une atteinte de la conduction aérienne et de la conduction osseuse, on dit alors qu’il y a une « surdité de perception ». Il existe également des cas de surdité mixte ou composée, où il existe une élévation des deux seuils de perception, la conduction aérienne étant supérieure à la conduction osseuse.

Le diapason

Le diapason est un objet très utile pour l’exploration des surdités, car il apporte de nombreux renseignements, par exemple, dans le test de Weber : on place le diapason sur le sommet du crâne, et le patient doit indiquer de quel côté il entend mieux le son. Dans le cas d’une surdité de transmission localisée à une seule oreille, il percevra le son plus fort du côté de l’oreille atteinte, alors que dans le cas d’une surdité de perception, il le percevra mieux du côté sain.
Un autre test effectué avec le diapason est le test de Rinne. Ce test consiste à faire vibrer le diapason devant le pavillon de l’oreille puis de le placer sur l’os mastoïde, c’est-à-dire sur l’os situé juste derrière l’oreille. Normalement, le son émis par le diapason est mieux perçu et plus longtemps par la conduction aérienne que par la conduction osseuse. Dans une surdité de transmission, on observera le contraire. Dans une surdité de perception, les deux conductions seront réduites.

L’audiométrie

L’examen le plus important est l’audiométrie, réalisée avec un appareil spécial, l’audiomètre. Il s’agit d’un appareil électronique qui émet des sons dans chaque bande de fréquence. Ils sont transmis à chaque oreille, alternativement, par l’intermédiaire d’un simple casque audio. Celui-ci permet d’étudier à la fois la conduction aérienne et la conduction osseuse. On mesure les sons dont les fréquences sont situées entre 250 Hertz (les sons graves) et 8 000 Hertz (les sons aigus), qui correspondent à la fourchette de fréquences perceptibles normalement par l’oreille humaine. On peut ainsi observer d’éventuels déficits que l’on mesure en décibels (dB).

Traitement de la surdité de l’adulte

Lorsqu’un traitement chirurgical est possible, on peut le proposer au patient mais il a toujours le choix de se faire appareiller s’il ne veut pas d’opération. En revanche dans les surdités d’oreille interne, seul un appareillage est proposé. Les médicaments quels qu’ils soient ne peuvent rendre l’audition à des cellules auditives déficientes. En revanche, certains ORL insistent actuellement sur la rééducation de l’audition affirmant que dans l’audition intervient également l’attention, c’est-à-dire l’intervention des centres nerveux supérieurs qui eux sont rééducables.

ATTENTION DANGER
Une surdité unilatérale chez un adulte doit toujours faire suspecter le neurinome de l’acoustique, qui fera l’objet d’un traitement chirurgical.

Les prothèses auditives

Les prothèses auditives sont de petits amplificateurs qui permettent d’amplifier le son pour les patients présentant une surdité de transmission ou de perception. Les prothèses les plus performantes utilisent généralement la conduction aérienne : elles sont composées d’un boîtier électronique, de la taille d’une grosse boite d’allumettes, que l’on place à la ceinture. À l’aide d’un cordon, ce bottier est relié à un embout placé derrière l’oreille. Dans les surdités moins importantes, le boîtier est de plus petite taille, et peut être mis en place derrière l’oreille ou encore sur les branches d’une paire de lunettes. Pour des surdités légères. il existe enfin des prothèses de très petite taille que l’on installe directement dans le conduit auditif externe.
Il existe différents types de prothèses auditives pour remédier à une surdité. Elles se placent soit dans l’oreille, soit derrière l’oreille, soit sur une branche de lunettes.
Il est parfois nécessaire d’utiliser des prothèses qui utilisent la conduction osseuse. Dans ce cas, le système est composé d’un vibreur que l’on installe sur l’os mastoïde, juste derrière l’oreille. Le son est ainsi transmis jusqu’à l’oreille interne. Mais il existe beaucoup de distorsions et il est souvent nécessaire d’utiliser des systèmes plus puissants.

Les implants cochléaires

Dans certains cas de surdité profonde, et lorsque les prothèses auditives classiques ne sont d’aucun secours, on utilise une autre technique, celle des implants cochléaires. Il s’agit de minuscules électrodes implantées dans l’oreille à travers l’os mastoïde ; ces électrodes sont alimentées par un boîtier dont le rôle est de transformer une impulsion sonore en une impulsion électrique. Ces implants ne remplacent ni l’oreille ni les prothèses, mais ils peuvent apporter une aide supplémentaire pour aider le patient à repérer certains signaux sonores (sonnettes, alarmes, etc.), ou certaines fréquences de la parole. Grâce à ces implants, le sourd peut repérer le début et la fin d’un mot, le rythme de la parole, et être ainsi aidé dans l’apprentissage de la lecture sur les lèvres.

Le lent travail de rééducation

Il existe de nombreux degrés de gravité dans la surdité, et ils vont exiger un travail de rééducation différent, au cas par cas.
Tout d’abord, les spécialistes ORL, les orthophonistes et les pédiatres vont bien évidemment exploiter toutes les ressources possibles de la chirurgie et de l’appareillage, afin d’atténuer le plus rapidement possible les conséquences de la surdité chez le jeune enfant.
Dans une second temps, interviendra la rééducation, qui elle aussi devra être entreprise le plus précocement possible, afin d’apprendre à l’enfant à parler, et en cas d’impossibilité, à exploiter d’autres méthodes de communication, actuellement bien codifiées, comme la lecture labiale (la lecture sur les lèvres) et le langage des signes de la main.
Il est important que cette rééducation soit le plus précoce possible, afin de vaincre l’isolement dans lequel la surdité confine un enfant, compromettant son développement général.
Plus le temps passe, plus l’acquisition du langage devient difficile…
Toutes les techniques d’apprentissage seront employées en même temps, afin de donner à l’enfant le maximum de chances de communiquer avec autrui. on recommande par exemple à toutes les mères de parler à leur nourrisson, car on sait que les vibrations de la voix restent un moyen de communication avec l’enfant, et qu’il est important de développer dès la naissance, même si l’enfant ne comprend rien à ce que lui dit sa mère. D’autre part, on est certain aujourd’hui que le langage verbal s’accompagne de manière important d’une langage non verbal, auquel l’enfant est tout aussi sensible. Par langage non verbal, on désigne l’ensemble des gestes, sourires, mimiques qui accompagnent la parole verbale, ainsi que les odeurs et chaleurs corporelles auxquels tout les bébés sont particulièrement sensibles. Pour un enfant sourd, il est donc recommandé aux mères de beaucoup parler à leur enfant pour le faire bénéficier de cette communication non verbale, afin qu’il développe très tôt ce canal de communication.
On a mis beaucoup de temps à mettre au point des techniques de communication pour les enfants sourds, qui, autrefois, étaient inévitablement sourds muets. On les considérait même comme des idiots et on les traitait souvent comme tels dans les villages.
Cet état d’esprit n’a que très progressivement évolué, avec la création de l’institution des sourds muets, à Paris, au XVIIe siècle, qui fut l’oeuvre de l’Abbé Michel de l’Épée. Il avait mis au point la première langue des signes, Son entreprise fut complétée par les travaux de l’Abbé Siccard et par ceux du célèbre docteur Itard (1774-1838), qui dut sa renommée à sa rééducation d’un enfant sauvage, Victor de l’Aveyron. Cet enfant trouvé, sourd et muet, ne se déplaçait qu’à quatre pattes, et qui avait probablement vécu au milieu des bêtes fut capturé à l’âge de douze ans environ. Le docteur (tard, qui était alors une jeune médecin et qui effectuait des recherches sur les sourds muets, se passionna aussitôt pour le cas de cet enfant sauvage, et avec l’aide de sa gouvernante, entreprit sa rééducation. Cette volonté de rééducation n’était pas seulement médicale, elle avait aussi des implications philosophiques. L’histoire de la capture de l’enfant sauvage de l’Aveyron avait fait le tour de la France, les grands spécialistes des maladies mentales, en particulier Philippe Pinel, avaient décrété que l’enfant était irrémédiablement idiot, qu’il était impensable de lui faire accomplir un quelconque progrès. (tard, en revanche, pensait que les déficits intellectuels de l’enfant étaient simplement dus à l’absence totale de rapports sociaux qui avaient marqué son développement. Il entreprit une longue rééducation, recueillant chez lui l’enfant. Il apprit à Victor à marcher, à s’habiller, à manger proprement, à obtempérer à des ordres simples et à effectuer quelques travaux. Malgré ses efforts, il ne parvint jamais à lui apprendre à parler, à lire ou à écrire. (Cette entreprise fut popularisée au XXe siècle par un film joué et réalisé par François Truffant en 1970). La méthode d’Itard consistait à développer une espèce d’orthopédie mentale : sa méthode, autoritaire, exploitait toutes les ressources de l’apprentissage, mais délaissait la langue des signes mise au point par l’Abbé de l’Épée et l’Abbé Sicard.
De nos jours, la rééducation fait appel à de nombreuses techniques et de multiples progrès peuvent encore être espérés. Les enfants sourds ont certes tendance à s’exprimer par gestes et par signes, mais l’objectif reste de leur apprendre à parler, de parfaire leur éducation orale. On cherche à exploiter à leur maximum les capacités auditives s’il en reste encore un peu, à leur apprendre à lire sur les lèvres afin de leur garantir une meilleure insertion sociale. Des mouvements de la main seront effectués à proximité des lèvres, afin de lever les ambiguïtés naturelles des mouvements des lèvres. Ces gestes sont effectués avec une seule main. Sept configurations de doigts représentent les consonnes et cinq positions de mains les voyelles. Ces gestes sont réalisés en même temps qu’une émission vocale de parole, de sorte que le sourd lit à la fois les gestes de la main et les mouvements des lèvres. Cette rééducation porte aujourd’hui ses fruits : on estime que 5O% des enfants sourds muets profonds parviennent à émettre des phrases succinctes, dès l’age de cinq ans, grâce à cette forme de rééducation.
La langue des signes, qui s’est certes développée dès le XXVIIe siècle, n’a été redécouverte que récemment : c’est en effet au début des années 1960 que sont apparus les deux systèmes de signes les plus utilisés aujourd’hui. Il s’agit de la langue des signes américaine (ASL), mise au point en 1965 (cette langue complexe possède sa propre grammaire et peut véhiculer des concepts abstraits) et de la langue des signes française (LSF).

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