Vous surveillez votre tension, mais vous ne prêtez attention qu’au premier chiffre ? Erreur. Le second, celui de la tension diastolique, est tout aussi révélateur — surtout chez les moins de 65 ans. Pourtant, il passe souvent inaperçu, silencieux, insidieux, jusqu’à ce qu’il provoque un infarctus, un AVC, ou une insuffisance cardiaque. Selon le Pr Alain Furber, cardiologue et président de la Fédération Française de Cardiologie (FFC), une pression diastolique élevée est un signal d’alerte que personne ne devrait ignorer. Découvrez pourquoi ce nombre compte, à partir de quel seuil s’inquiéter, et comment agir avant qu’il ne soit trop tard.
Qu’est-ce que la tension diastolique ?
La tension artérielle se compose de deux mesures : la systolique (le premier chiffre) et la diastolique (le second). Le premier correspond à la pression exercée par le sang lors de la contraction du cœur — la systole. Le second, la tension diastolique, mesure la pression dans les artères lorsque le cœur est au repos, entre deux battements.
C’est pendant cette phase de diastole que le cœur se recharge en sang, prêt pour le prochain cycle. Une pression diastolique trop élevée signifie que le sang continue de pousser fortement contre les parois des artères, même au repos.
Selon le Pr Furber, « une hypertension surtout diastolique est fréquente chez les jeunes adultes et les personnes de moins de 65 ans ». Avec l’âge, les artères se rigidifient, et l’hypertension devient plutôt systolique. Mais avant cela, c’est bien le diastolique qui sonne l’alarme.
Quand s’inquiéter ? Les seuils à connaître
Une tension diastolique normale se situe en dessous de 80 mmHg. À partir de 80, on parle de pré-hypertension. Et dès 90 mmHg mesurés en cabinet médical, ou 85 mmHg en automesure, on entre dans le cadre de l’hypertension diastolique.
Attention : ces chiffres peuvent être trompeurs. L’effet « blouse blanche » — l’anxiété en cabinet — peut fausser la mesure. C’est pourquoi le diagnostic repose sur plusieurs prises de tension, idéalement réalisées à domicile.
Le protocole recommandé ? Trois mesures le matin, trois le soir, espacées de deux minutes, sur trois jours consécutifs. Un tensiomètre au bras, fiable et validé, suffit. Pas besoin d’ordonnance.
Les causes : un cocktail de facteurs évitables
L’hypertension diastolique est une maladie multifactorielle. Elle ne tombe pas du ciel. Elle s’installe, souvent à cause de notre mode de vie.
Les principaux responsables ?
Une alimentation trop riche en sel (l’OMS recommande moins de 5 grammes par jour).
Le surpoids ou l’obésité.
Une sédentarité prolongée.
La consommation d’alcool et de tabac.
Le stress chronique et les troubles du sommeil.
Certains médicaments : pilule contraceptive, anti-inflammatoires, corticoïdes.
Des substances illicites comme la cocaïne ou les amphétamines.
Dans des cas plus rares, une cause sous-jacente peut être en jeu : sténose des artères rénales, insuffisance rénale, ou composante génétique marquée par des antécédents familiaux précoces d’hypertension.
Des symptômes invisibles, des conséquences fatales
Le plus dangereux avec l’hypertension diastolique ? Elle ne se manifeste presque jamais. Pas de douleur, pas de signe apparent. « C’est une maladie silencieuse », souligne le Pr Furber.
Pourtant, 1 hypertendu sur 3 ignore son état. Et c’est souvent lors d’un événement grave — un infarctus, un AVC, une angine de poitrine — que la maladie est diagnostiquée.
C’est pourquoi la prévention passe par une surveillance régulière, même en l’absence de symptômes. Une simple mesure de tension peut sauver une vie.
Traitement : entre hygiène de vie et médication
Tout dépend du niveau de pression.
Si la tension diastolique se situe entre 90 et 100 mmHg, le traitement peut commencer par des mesures non médicamenteuses** :
Perte de poids en cas de surpoids.
Réduction drastique du sel.
Arrêt du tabac et de l’alcool.
Activité physique régulière : au moins 150 minutes par semaine.
Adoption d’un régime équilibré, riche en fruits, légumes et fibres.
Mais si la diastolique dépasse 100 mmHg, un traitement médicamenteux s’impose. Le médecin commence généralement par une monothérapie — un seul médicament. Si l’effet n’est pas suffisant, des associations sont envisagées.
Ce processus d’ajustement peut prendre plusieurs mois. « Il faut parfois jusqu’à six mois pour trouver le bon traitement », précise le Pr Furber. En cas de résistance ou de cause spécifique, le patient est orienté vers un cardiologue.
Diagnostic confirmé : la MAPA pour tout savoir
Quand les mesures à domicile ne suffisent pas, la Mesure Ambulatoire de la Pression Artérielle (MAPA) entre en jeu. Aussi appelée holter tensionnel, cette méthode enregistre la pression toutes les 15 à 30 minutes pendant 24 heures, y compris pendant le sommeil.
Cet examen permet d’éliminer l’effet blouse blanche, de détecter les variations nocturnes, et d’identifier les profils à risque. Le brassard, porté en continu, n’est pas douloureux, mais interdit la douche.
Résultat : un diagnostic précis, personnalisé, et surtout, préventif.