Vous avez remarqué une rougeur inhabituelle sur vos paumes ? Sans douleur, sans démangeaison, mais persistante ? Il s’agit peut-être d’une érythrose palmaire, une affection cutanée souvent bénigne, mais parfois le signe d’un trouble sous-jacent sérieux. Très méconnue du grand public, cette rougeur localisée des mains peut être liée à la grossesse, à une prédisposition héréditaire… ou à des pathologies comme des maladies du foie, du diabète, ou même certains cancers. Selon le Dr Sarah Rebert, médecin urgentiste, « l’érythrose palmaire n’est pas toujours anodine. Quand elle apparaît sans cause évidente, elle doit alerter ». Découvrez ce qu’il faut savoir sur ses causes, ses formes inquiétantes, et quand consulter sans attendre.
Qu’est-ce que l’érythrose palmaire ?
L’érythrose palmaire, aussi appelée érythème palmaire, se caractérise par une rougeur diffuse des paumes, souvent plus marquée au niveau du pouce et de la base du petit doigt. Cette coloration, due à une dilatation anormale des capillaires sanguins, est généralement indolore, sans démangeaison ni desquamation.
Elle peut être temporaire ou chronique. Apparaître chez une femme enceinte, un homme âgé, ou un adolescent sans autre symptôme. Dans ces cas, elle est souvent bénigne. Mais lorsqu’elle persiste ou s’accompagne d’autres signes, elle devient un indicateur clinique précieux.
Causes primaires : quand le corps réagit normalement
Certaines formes d’érythrose palmaire sont considérées comme physiologiques ou héréditaires :
Forme gestationnelle : fréquente pendant le premier trimestre de grossesse, liée à l’augmentation des œstrogènes. Elle disparaît spontanément dans les trois semaines suivant l’accouchement.
Forme héréditaire : transmise selon un mode autosomique récessif, elle touche plusieurs membres d’une même famille, sans conséquence médicale.
Forme sénile ou idiopathique : observée chez les personnes âgées, sans cause identifiée, classée comme diagnostic d’exclusion après élimination des pathologies associées.
Causes secondaires : des signes d’alerte à ne pas ignorer
Lorsque l’érythrose palmaire n’est pas liée à un phénomène naturel, elle peut être le reflet d’une maladie sous-jacente. C’est ce qu’on appelle l’érythrose secondaire. Ses causes sont nombreuses et parfois graves :
Maladies hépatiques : cirrhose, hépatite chronique, stéatose hépatique. L’insuffisance du foie à métaboliser les œstrogènes entraîne une vasodilatation cutanée. Jusqu’à 60 % des patients atteints de cirrhose développent cette rougeur.
Troubles endocriniens : hyperthyroïdie, diabète de type 1 ou 2.
Maladies auto-immunes : arthrite rhumatoïde, lupus, VIH.
Pathologies néoplasiques : certains cancers, notamment cérébraux ou hépatiques, peuvent déclencher cette manifestation cutanée.
Syphilis congénitale : chez le nouveau-né, l’érythème palmaire peut être un signe de transmission materno-fœtale.
Maladie de Wilson : une accumulation de cuivre due à un défaut génétique, souvent associée à des troubles neurologiques et hépatiques.
Des affections dermatologiques comme le psoriasis ou l’eczéma peuvent aussi provoquer une rougeur similaire, mais généralement accompagnée de desquamation.
Les médicaments et facteurs environnementaux en cause
Certains traitements sont connus pour induire une érythrose palmaire :
Amiodarone (anti-arythmique)
Gemfibrozil (hypolipémiant)
Cholestyramine (résine échangeuse d’ions)
Topiramate (antiépileptique)
Salbutamol (bronchodilatateur)
Le tabagisme et l’exposition chronique au mercure sont également des facteurs de risque reconnus.
Symptômes clés : quand s’inquiéter ?
Les signes typiques de l’érythrose palmaire sont :
Rougeur symétrique des paumes.
Peau chaude au toucher, mais sans lésion.
Absence de douleur ou de démangeaison.
Chez les femmes, une apparition pendant la grossesse ou sous contraceptif hormonal est fréquente et rassurante.
En revanche, consultez rapidement si :
La rougeur persiste après l’accouchement.
Elle s’étend aux plantes des pieds (érythrose plantaire).
Elle est associée à de la fatigue, une perte de poids, des troubles digestifs ou un ictère.
Traitements : pas de médicament, mais une prise en charge ciblée
Il n’existe aucun traitement spécifique pour l’érythrose palmaire. Les symptômes disparaissent lorsque la cause sous-jacente est traitée.
Par exemple :
Arrêt de l’alcool en cas de cirrhose.
Régulation de la thyroïde pour l’hyperthyroïdie.
Adaptation ou substitution du médicament incriminé.
Dans les formes bénignes (grossesse, vieillesse), aucune intervention n’est nécessaire. La rougeur s’estompe d’elle-même.
L’avis du médecin : « C’est un signe, pas une maladie »
Le Dr Sarah Rebert, médecin urgentiste, insiste : « L’érythrose palmaire est une manifestation cutanée qui doit être interprétée dans son contexte. Elle peut être totalement normale. Mais elle peut aussi être la première manifestation d’une maladie du foie, d’un trouble endocrinien ou d’une maladie inflammatoire. Des examens biologiques — bilan hépatique, hormonal, numération formule sanguine — sont parfois indispensables pour en comprendre l’origine. »