Une tache brune sur la jambe, discrète au départ, puis de plus en plus étendue. Inoffensive en apparence, elle peut pourtant cacher une pathologie vasculaire sous-jacente. La dermite ocre, aussi appelée angiodermite pigmentée ou angiodermite purpurique, n’est pas une simple altération cutanée. C’est un signal d’alerte envoyé par l’organisme, souvent lié à une insuffisance veineuse chronique. Si elle est négligée, cette affection peut évoluer vers des complications graves, comme des ulcères de jambe difficiles à soigner. Découvrez ses causes, ses risques et les traitements efficaces pour stopper son évolution.
Qu’est-ce que la dermite ocre ?
La dermite ocre est une affection cutanée qui se manifeste principalement sur le tiers inférieur des jambes, en particulier autour des malléoles (les chevilles) et sur la face antérieure des tibias. Elle se caractérise par l’apparition de taches aux teintes rouge-violet dans un premier temps, qui évoluent progressivement vers un brun-jaunâtre, d’où son nom d’« ocre ».
Ces lésions, souvent asymétriques, peuvent toucher une seule jambe ou les deux. Elles résultent d’un phénomène de micro-hémorragie : le sang s’échappe des capillaires fragilisés et s’accumule dans les tissus environnants. Le fer contenu dans l’hémoglobine s’y dépose, provoquant une pigmentation durable.
Contrairement à une simple ecchymose, la dermite ocre ne disparaît pas spontanément. Elle s’inscrit dans une évolution chronique, liée à une mauvaise circulation sanguine.
Les causes : quand la pression veineuse fait des dégâts
La cause principale de la dermite ocre est une hypertension veineuse chronique**, souvent consécutive à une insuffisance veineuse. Cette condition, fréquente avec l’âge, provoque une stagnation du sang dans les veines des membres inférieurs.
Cette pression excessive fragilise les capillaires, qui finissent par rompre. Le sang s’infiltre alors dans le derme, entraînant l’accumulation de pigments de fer.
D’autres facteurs peuvent favoriser son apparition :
La présence de varices ou d’un antécédent de phlébite.
Des épisodes de purpura ou d’hématomes répétés.
La prise d’anticoagulants, d’aspirine ou de Plavix®, qui augmentent le risque de micro-saignements cutanés.
Elle touche plus fréquemment les personnes âgées, mais peut aussi apparaître chez des sujets plus jeunes présentant des troubles circulatoires.
Des complications redoutables si elle est ignorée
Bien que la dermite ocre ne soit pas douloureuse au départ, elle n’est pas bénigne. En l’absence de prise en charge, elle peut entraîner des complications sérieuses :
Atrophie cutanée : la peau devient fine, fragile, vulnérable aux traumatismes.
Infections bactériennes : la moindre égratignure peut s’infecter facilement.
Ulcère de jambe : la lésion cutanée peut se transformer en plaie chronique, longue et difficile à cicatriser.
Le caractère esthétique des taches, souvent gênant surtout pour les femmes, ajoute une dimension psychologique non négligeable. Beaucoup évitent de porter des vêtements courts, ce qui peut impacter leur qualité de vie.
Les traitements : agir sur les causes et les symptômes
Le traitement de la dermite ocre repose sur une double approche : traiter les symptômes cutanés et corriger les causes circulatoires sous-jacentes.
Antisepsie locale : des crèmes sur ordonnance permettent de prévenir les infections et d’apaiser les irritations.
Dépigmentation : plusieurs options existent pour atténuer les taches :
Topiques : hydroquinone, acide azélaïque, vitamine C, dermocorticoïdes.
Peeling chimique (acide glycolique, TCA).
Laser ou lumière pulsée (IPL).
Injections de déféroxamine mésilate, un chélateur du fer.
Traitement des causes :
Port de bas de compression pour améliorer la circulation veineuse.
Chirurgie ou traitement endoveineux en cas de varices sévères.
Cures thermales ou de thalassothérapie, reconnues pour leurs effets bénéfiques sur l’insuffisance veineuse.
L’objectif est d’arrêter l’évolution de la maladie et de prévenir les ulcères.
Prévention : de petits gestes au quotidien
Certaines habitudes simples peuvent ralentir ou prévenir l’apparition de la dermite ocre :
Surélever les jambes régulièrement.
Marcher quotidiennement pour activer la pompe musculaire.
Éviter de rester longtemps debout ou assis sans bouger.
Ne pas croiser les jambes en position assise.
Masser doucement les jambes pour stimuler le drainage lymphatique.
Maintenir la peau propre, sèche et bien hydratée.
Un suivi avec un médecin vasculaire ou un dermatologue est recommandé dès les premiers signes.
