L’urticaire n’est pas toujours allergique. Elle peut être déclenchée ou exacerbée par une émotion intense, comme le stress ou l’anxiété. C’est ce que confirme la Dre Aurélie Du Thanh, dermatologue au CHU de Montpellier et présidente du Groupe Urticaire de la Société Française de Dermatologie (GUS). Dans certains cas, la peau devient le miroir du mental, réagissant à chaque tension intérieure par des démangeaisons, des plaques rouges ou même des gonflements inquiétants.
Cette réalité, souvent sous-estimée, touche particulièrement les personnes sujettes à l’urticaire chronique. Et si vous pensiez que votre crise était due à un aliment ou un produit cosmétique, il se pourrait bien que la véritable origine se trouve ailleurs… dans votre esprit.
Le stress perturbe le système immunitaire
Lorsque nous traversons une période stressante, notre organisme libère des hormones comme le cortisol, destinées à nous aider à faire face à une situation perçue comme menaçante. Malheureusement, ces molécules peuvent aussi altérer le fonctionnement du système immunitaire.
Cela entraîne une libération accrue d’histamine — la molécule responsable des démangeaisons, des rougeurs et de l’inflammation. Résultat : des poussées d’urticaire apparaissent sans cause externe identifiable, mais étroitement liées à l’état émotionnel de la personne.
Un cercle vicieux difficile Ă briser
Le problème, c’est que l’urticaire elle-même génère du stress. Les crises imprévisibles, les démangeaisons insupportables et les marques visibles sur la peau peuvent nuire à la qualité de vie, perturber le sommeil, affecter les relations sociales et professionnelles… jusqu’à engendrer une anxiété supplémentaire.
Ce cercle vicieux rend la situation particulièrement difficile à gérer pour les patients. Comme le souligne la Dre Du Thanh : « Beaucoup souffrent en silence, car leur maladie n’est pas prise au sérieux. On leur dit souvent “ce n’est pas grave” ou “tu dois mieux gérer ton stress”, ce qui a tendance à les culpabiliser davantage. »
Autres facteurs déclencheurs de l’urticaire
Même si le stress joue un rôle important, il n’est pas le seul facteur à prendre en compte. Voici les causes les plus fréquemment associées à l’apparition de l’urticaire :
- Infections virales (rhumes, grippes, etc.)
- Médicaments (anti-inflammatoires, antibiotiques)
- Réactions physiques (chaleur, froid, pression sur la peau)
- Hormones (notamment chez les femmes durant le cycle menstruel)
- Aliments spécifiques (fruits exotiques, fruits de mer, alcool)
Mais contrairement à l’urticaire aiguë, souvent liée à une allergie ponctuelle, l’urticaire chronique reste généralement sans cause évidente, ce qui rend sa prise en charge plus complexe.
Comment reconnaître une urticaire liée au stress ?
Les symptômes sont identiques à ceux d’autres formes d’urticaire : plaques rouges, démangeaisons intenses, bouffissures. Ce qui change, c’est le contexte dans lequel elles apparaissent.
Voici quelques signes qui pourraient indiquer un lien avec le stress :
- Des poussées régulières pendant les périodes de fatigue ou d’anxiété
- Une amélioration notable lors des moments de détente (vacances, week-ends reposants)
- L’absence de cause extérieure claire (aliment, produit, médicament)
- La présence d’autres symptômes liés au stress (troubles du sommeil, irritabilité, tensions musculaires)
Pour identifier ce lien, il peut être utile de tenir un journal des poussées et de noter les événements émotionnels ou les situations stressantes qui les précèdent.
Traitements : Comment apaiser l’uurticaire aggravée par le stress ?
La prise en charge de l’urticaire liée au stress doit être globale. Il s’agit à la fois de calmer les symptômes cutanés et de mieux gérer le stress au quotidien.
- Antihistaminiques : prescrits quotidiennement, ils bloquent l’effet de l’histamine et limitent les poussées.
- Relaxation : techniques respiratoires, méditation, sophrologie… permettent de réduire l’excitation du système nerveux.
- Activité physique régulière : le sport stimule la production d’endorphines, qui favorisent un sentiment de bien-être et réduisent le cortisol.
- Thérapies cognitivo-comportementales (TCC) : efficaces pour modifier les réactions face au stress.
- Yoga, tai-chi, qi gong : allient mouvement, respiration et concentration pour apaiser le corps et l’esprit.
- Suivi psychologique : indispensable pour explorer les sources du stress et mettre en place des stratégies adaptées.
Comme le rappelle la Dre Du Thanh : « Le mental joue un rôle déterminant, surtout dans les cas chroniques. Mais il ne faut pas négliger non plus le suivi dermatologique. »