Vous avez eu une perfusion, un cathéter, ou un traitement en intraveineux, et maintenant, un cordon dur et douloureux court sous votre peau ? C’est peut-être une véinite. Une inflammation bénigne en apparence, mais qui peut cacher des complications plus sérieuses. Très fréquente après une hospitalisation ou un traitement prolongé, elle touche aussi bien les patients que certaines personnes vulnérables, comme les toxicomanes. Emilie Tran Phong, journaliste scientifique spécialisée en santé, décrypte les causes, les signes d’alerte et les traitements essentiels pour éviter que l’inflammation ne dégénère.
Symptômes : comment reconnaître une véinite ?
La véinite ne se cache pas. Elle se manifeste clairement au niveau du site de ponction. La peau devient rouge, chaude, douloureuse au toucher. La veine elle-même prend l’aspect d’un cordon dur, parfois visible, parfois palpable, comme une corde sous la peau.
Elle touche principalement les veines superficielles, celles situées juste sous la surface cutanée, souvent au niveau des bras. L’inflammation apparaît généralement dans les heures ou les jours suivant l’insertion du cathéter ou l’injection d’un produit irritant. Pas besoin d’infection pour que cela se produise. Le simple traumatisme mécanique ou chimique suffit.
Causes : pourquoi la veine s’enflamme-t-elle ?
Plusieurs facteurs peuvent provoquer une véinite. Le premier ? Le produit injecté. Certains médicaments sont particulièrement agressifs pour la paroi veineuse : la chimiothérapie, la quinine, ou encore les solutions hyperosmolaires. Même la sclérothérapie, utilisée pour traiter les varices, peut déclencher une réaction inflammatoire si le produit sclérosant irrite la veine au lieu de la fermer proprement.
Le cathéter lui-même est aussi en cause. Même fixé par un pansement, il bouge légèrement à chaque mouvement. Et ces micro-traumatismes répétés finissent par irriter les parois fines des veines superficielles. Plus la perfusion est longue — pendant un accouchement, une hospitalisation, ou un traitement lourd — plus le risque augmente.
Enfin, la répétition des piqûres fragilise les veines. C’est particulièrement vrai chez les personnes dépendantes à l’injection, mais aussi chez les patients chroniques, comme ceux sous dialyse ou chimiothérapie. Leur système veineux s’épuise, obligeant à des solutions plus radicales.
Complications : quand la véinite devient dangereuse
En soi, la véinite n’est pas grave. Elle fait partie des suites fréquentes des soins intraveineux. Mais elle doit être surveillée. Car une veine enflammée est une veine endommagée. Et le sang y circule moins bien.
Cela favorise la formation d’un caillot sanguin, ou thrombus. On parle alors de thrombose veineuse superficielle, aussi appelée phlébite superficielle. Le cordon devient plus dur, plus étendu, parfois accompagné d’un gonflement local.
Le risque majeur ? Que ce caillot se détache et migre vers les poumons, provoquant une embolie pulmonaire. Heureusement, cela reste rare, surtout quand la thrombose est superficielle. Toutefois, en milieu hospitalier, notamment après une chirurgie, les patients sont souvent sous anticoagulants pour prévenir ce scénario.
Traitements : que faire en cas de véinite ?
Dans la majorité des cas, tout rentre dans l’ordre après le retrait du cathéter. L’inflammation régresse spontanément en quelques jours. Mais la douleur peut persister plusieurs semaines.
Pour soulager, on utilise des antalgiques simples, comme le paracétamol. L’application de compresses chaudes sur la zone est souvent recommandée : elle améliore la circulation et accélère la résorption.
Si le traitement n’est pas terminé, un nouveau site de perfusion doit être trouvé. Parfois, les veines sont trop abîmées. Dans ces cas, on recourt à des solutions plus durables : une fistule artério-veineuse pour les patients dialysés, ou un cathéter veineux central inséré dans une grosse veine du cou ou du thorax. Ces dispositifs, plus stables, limitent les risques d’inflammation répétée.
Prévention : anticiper pour éviter la douleur
La prévention passe par une bonne gestion des voies veineuses. En milieu hospitalier, les équipes surveillent étroitement les sites de perfusion. Un cathéter est changé régulièrement, et tout signe d’irritation conduit à son retrait immédiat.
Pour les patients en traitement long, comme ceux sous chimiothérapie, la pose d’un accès veineux central est souvent planifiée dès le départ. Cela protège les veines périphériques et améliore la qualité des soins.
Chez les personnes fragiles, la sensibilisation aux risques liés aux injections répétées est cruciale. L’usage de produits stériles, la rotation des sites de piqûre, et l’accès aux soins spécialisés peuvent limiter les complications.