Accueil Intérieur & décoration Acidocétose diabétique : Une urge​nce vitale que personne ne doit ignorer

Acidocétose diabétique : Une urge​nce vitale que personne ne doit ignorer

Un coma en quelques heures. Une haleine qui sent la pomme. Une soif inextinguible. L’acidocétose diabétique n’annonce pas son arrivée en douceur. C’est une urgence médicale absolue, souvent foudroyante, qui touche principalement les personnes atteintes de diabète de type 1, mais aussi, dans certains cas, celles de type 2. Sans traitement immédiat, elle peut basculer vers le coma, voire la mort. Le Pr Boris Hansel, endocrinologue à l’hôpital Bichat à Paris, alerte : trop d’épisodes sont encore évitables. Il faut savoir reconnaître les signes. Et réagir en quelques minutes.

Qu’est-ce que l’acidocétose diabétique ?

Le corps humain fonctionne au glucose. Mais pour que les cellules l’utilisent, elles ont besoin d’insuline, une hormone produite par le pancréas. Chez une personne diabétique, cette insuline fait défaut — totalement ou partiellement. Résultat : le glucose s’accumule dans le sang, tandis que les cellules sont en manque d’énergie.

Face à cette pénurie, l’organisme bascule en mode survie. Il se met à brûler les graisses comme carburant. Ce processus produit des déchets : les corps cétoniques, dont l’acétone. Ces substances sont acides. En petite quantité, les reins les éliminent. Mais quand elles s’accumulent, le sang devient trop acide. C’est l’acidocétose diabétique.

“C’est une complication grave, potentiellement mortelle, qui touche surtout les patients dépendants de l’insuline”, souligne le Pr Boris Hansel. Et elle peut survenir très rapidement.

Symptômes : les signes ne mentent pas

Les premiers signes sont criants. Une soif intense, un besoin constant d’uriner, une perte de poids rapide. La fatigue s’installe, brutale. Puis apparaissent des symptômes plus inquiétants : nausées, vomissements, douleurs abdominales, respiration accélérée.

Et surtout, une haleine qui sent la pomme blette. Ce n’est pas une légende urbaine. Cette odeur caractéristique est due à l’élimination de l’acétone par les poumons. Un signal d’alarme biologique.

Chez l’enfant, ces signes peuvent être les premiers témoins d’un diabète jusque-là inconnu. Un tiers des diagnostics de diabète de type 1 sont établis à la suite d’un épisode d’acidocétose. “Un enfant qui urine beaucoup, boit sans cesse, maigrit, ou qui recommence à faire pipi au lit doit alerter les parents”, insiste le Pr Hansel.

Causes : quand le traitement déraille

Plusieurs facteurs peuvent déclencher une acidocétose :

L’oubli d’une dose d’insuline.
Une insuline mal dosée ou périmée.
Une infection (grippe, gastro, angine), qui augmente les besoins en insuline.
Un stress important, physique ou émotionnel.
Une intervention chirurgicale ou un voyage longue distance.
Dans les cas les plus tragiques, le diabète n’a pas encore été diagnostiqué. L’organisme, déjà en crise, n’a aucun moyen de compenser. L’acidocétose survient alors comme une révélation brutale.

Diagnostic : testez l’acétone dès que la glycémie monte

Le diagnostic repose sur deux éléments : une hyperglycémie (glycémie > 2,5 g/L) et la présence de corps cétoniques.

Les patients diabétiques doivent avoir à portée de main des bandelettes urinaires ou un lecteur de cétonémie sanguine. En cas de glycémie élevée, il est impératif de vérifier la présence d’acétone. Si elle est détectée, pas d’hésitation : direction les urgences.

L’échographie doppler ou les analyses sanguines confirmeront le diagnostic. Mais le temps presse. “C’est une urgence absolue”, martèle le Pr Hansel.

Traitement : 8 à 12 heures pour tout rééquilibrer

L’acidocétose exige une hospitalisation immédiate. Le traitement, administré en milieu hospitalier, repose sur trois piliers :

Insuline intraveineuse : pour stopper la production de corps cétoniques.
Réhydratation massive : par perfusion, car la déshydratation est sévère.
Apport de potassium : les pertes urinaires en ont vidé l’organisme.
En 8 à 12 heures, si le traitement est commencé à temps, l’état sanguin se normalise. Mais tout retard peut être fatal.

Une fois stabilisé, le patient doit analyser ce qui a provoqué la crise. “Il faut faire un retour en arrière”, explique le Pr Hansel. Pour éviter que cela ne se reproduise.

Prévention : la clé, c’est la vigilance

Vivre avec un diabète demande une discipline rigoureuse. Mesurer sa glycémie plusieurs fois par jour. Adapter l’insuline en cas de maladie. Et surtout, ne jamais ignorer une hyperglycémie prolongée.

Les bandelettes d’analyse d’acétone doivent faire partie du kit quotidien. En cas de doute, mieux vaut trop réagir que pas assez.

Pour les familles, connaître les signes précoces chez un enfant peut sauver une vie. Et pour les adultes, ne pas banaliser une fatigue inexpliquée ou une soif excessive, c’est se protéger.

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