Des filets rouges, bleus ou violacés apparaissent sur vos jambes. Ce ne sont pas des varices, mais presque. Ce sont des varicosités, aussi appelées télangiectasies. Inoffensives en apparence, elles trahissent souvent un trouble circulatoire plus profond. Et si elles ne mettent pas la santé en danger, elles peuvent devenir un véritable calvaire esthétique. Le Dr Pascale Hauvespre, médecin spécialiste en cardiologie et phlébologie, explique les causes, les solutions efficaces, et pourquoi il ne faut pas attendre qu’elles s’étendent pour agir.
Qu’est-ce qu’une varicosité ?
Les varicosités sont de fines veinules, d’un diamètre inférieur à 1 mm, situées juste sous la peau. Elles forment des réseaux sinueux, visibles surtout aux jambes, mais aussi parfois au visage, à la nuque ou au bas du dos. Leur couleur varie du rouge au violet, en passant par le bleu.
Contrairement aux varices, qui touchent les veines profondes et provoquent gonflement et douleur, les varicosités sont surtout inesthétiques. Pourtant, certaines personnes ressentent une sensation de lourdeur ou de picotement à leur niveau. Et chez de nombreux patients, leur traitement apporte un vrai soulagement, au-delà de l’apparence.
Elles apparaissent souvent isolément, mais peuvent aussi être alimentées par une veine réticulaire, un vaisseau un peu plus profond. Dans ce cas, traiter uniquement la surface ne suffit pas.
Pourquoi les varicosités apparaissent-elles ?
Tout commence avec une circulation sanguine imparfaite. Notre système veineux est divisé en deux : le réseau profond, qui transporte 90 % du sang, et le réseau superficiel, à l’origine des varicosités. Quand les valves veineuses — ces petites portes qui empêchent le sang de stagner — s’affaiblissent, le flux sanguin ralentit. Le sang stagne dans les membres inférieurs, les veines se dilatent, et les télangiectasies émergent.
Plusieurs facteurs favorisent ce phénomène :
L’âge : le vieillissement naturel fragilise les parois veineuses.
Les positions prolongées, debout ou assises, surtout avec les jambes croisées.
Les changements hormonaux : grossesse, ménopause, ou prise de contraceptifs.
La prise de poids : l’excès de masse corporelle comprime les vaisseaux.
L’exposition au soleil ou à la chaleur, qui dilate les capillaires.
Chez la femme, les varicosités sont plus fréquentes avant 50 ans. Après 60 ans, elles touchent près de 80 % des personnes, hommes comme femmes.
Diagnostic : une échographie doppler indispensable
Avant tout traitement, un bilan complet est essentiel. Un médecin vasculaire ou phlébologue réalise une échographie doppler. Cet examen indolore permet de cartographier l’ensemble du réseau veineux, de repérer d’éventuelles veines nourricières ou des reflux sanguins.
Sans cette étape, tout traitement risque d’être inefficace. Car si une varicosité est alimentée par une veine profonde malade, il faut d’abord traiter la source. Sinon, les petits vaisseaux réapparaîtront très vite.
Traitements : des solutions efficaces, mais pas miracles
Le traitement des varicosités dépend de leur origine. S’il n’y a pas de veine nourricière, plusieurs options sont possibles, toutes réalisées en cabinet médical :
La sclérothérapie, la plus utilisée. Elle consiste à injecter une mousse sclérosante directement dans les vaisseaux. Le produit provoque une fermeture progressive des veinules, qui sont ensuite résorbées par l’organisme.
Le laser vasculaire, précis et non invasif, agit par chaleur pour obstruer les capillaires.
La radiofréquence externe, moins courante, cible les petits réseaux avec une énergie contrôlée.
Chaque séance dure entre 15 et 30 minutes. Pas d’arrêt de travail nécessaire. Mais plusieurs séances, espacées de 1 à 3 mois, sont souvent requises pour un résultat optimal.
Et attention : même après un traitement réussi, de nouvelles varicosités peuvent apparaître. Pourquoi ? Parce que certaines personnes ont un terrain prédisposé. Une prévention continue est donc indispensable.
Prévention : bouger, rafraîchir, ne pas serrer
Pas de traitement miracle, mais des gestes simples qui font la différence.
La clé ? Bouger. La marche, le vélo, la natation : tous activent le pompage musculaire des jambes, essentiel à la remontée veineuse. Évitez de rester immobile des heures. Si vous travaillez debout ou assis, étirez-vous régulièrement, marchez quelques minutes toutes les heures.
Privilégiez les douches froides sur les jambes, surtout en été. L’eau froide resserre les vaisseaux. À l’inverse, évitez sauna, hammam et bains très chauds, qui les dilatent.
Portez des vêtements amples, qui ne compriment pas les cuisses ou les mollets. Et si vous voyagez en avion ou en voiture longue distance, hydratez-vous et bougez les chevilles.