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Trouble du stress post-traumatique : que penser des traitements naturels ?

Le trouble du stress post-traumatique (TSPT) affecte des millions de personnes en France. S’il existe des traitements reconnus – comme la psychothérapie ou les médicaments – de plus en plus de patients se tournent vers les médecines alternatives et complémentaires. Mais sont-elles réellement efficaces ? Faut-il y voir un réel espoir thérapeutique… ou simplement un soutien psychologique ? Réponse avec Sylvie Molenda, psychologue clinicienne spécialiste du trauma.

Quels sont les symptômes du TSPT ?

Le trouble du stress post-traumatique peut apparaître après avoir vécu ou été témoin d’un événement profondément marquant : agression, accident grave, catastrophe naturelle, attentat, ou violences sexuelles.

Les symptômes s’articulent autour de quatre grands axes :

  • Des reviviscences fréquentes (flash-back, cauchemars)
  • Des comportements d’évitement
  • Une altération négative des émotions et de la cognition
  • Une hypervigilance constante (troubles du sommeil, irritabilité, difficultés de concentration)

Ces manifestations peuvent persister pendant des mois, voire des années, impactant gravement la vie quotidienne des personnes touchées.

Quels traitements sont recommandés ?

La prise en charge du TSPT repose sur deux piliers principaux :

  • La psychothérapie, notamment les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), qui permettent de confronter et de retraiter le traumatisme
  • La pharmacothérapie, utilisée en complément pour stabiliser l’humeur, améliorer le sommeil ou traiter une dépression associée

Selon Sylvie Molenda, psychologue clinicienne au Centre national de ressources et de résilience (Cn2r), « les TCC centrées sur le trauma ont fait leurs preuves. Que ce soit par exposition prolongée ou retraitement cognitif, ces méthodes permettent aux patients de reprendre le contrôle sur leur mémoire et leur émotion ».

L’EMDR : une méthode éprouvée

L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) est une technique largement utilisée dans la gestion du TSPT. Elle consiste à stimuler alternativement les deux hémisphères cérébraux (souvent via des mouvements oculaires) tout en se concentrant sur les souvenirs traumatiques.

« L’EMDR est une forme d’exposition indirecte », explique la spécialiste. Moins intrusive que certaines TCC, elle reste néanmoins très efficace, surtout lorsqu’il s’agit de travailler sur les points chauds du traumatisme.

Et les médicaments ?

Même si la médication n’est pas le premier recours, elle joue un rôle essentiel dans certains cas. En particulier lorsque le patient souffre de troubles du sommeil sévères ou de dépression associée.

La prazosine, par exemple, a montré son efficacité pour réduire les cauchemars liés au TSPT. Utilisée en complément des thérapies, elle peut aider à préparer mentalement le patient avant d’entamer un travail sur le trauma lui-même.

Les médecines naturelles : solutions miracles ou simples soutiens ?

Face à l’intensité des symptômes, certains patients cherchent un soulagement par des méthodes non conventionnelles : acupuncture, huiles essentielles, yoga sensible au trauma, musicothérapie, ou encore EFT (Emotional Freedom Techniques).

Mais attention : « ces approches ne remplacent pas une thérapie structurée », prévient Sylvie Molenda. Elles ne guérissent pas le TSPT à elles seules, mais peuvent apporter un confort émotionnel important.

Acupuncture et pleine conscience : des pistes prometteuses

Certaines études montrent que l’acupuncture pourrait avoir un effet positif sur les symptômes d’anxiété et d’hypervigilance. Un essai contrôlé publié dans le Journal of Nervous and Mental Disease en 2007 indiquait même qu’elle pouvait être utile sans nécessiter d’exposition directe au trauma.

De même, la méditation en pleine conscience semble capable de réguler l’activité du système nerveux autonome. En aidant à maîtriser la respiration et à réduire la réponse physiologique au stress, elle peut constituer un outil précieux pour gérer les pics d’anxiété.

Attention aux effets contre-productifs

Malgré leur attrait, certaines pratiques peuvent retarder une prise en charge adaptée. Une étude menée en Australie a ainsi montré que certains patients reportaient leur thérapie classique en se tournant vers les plantes ou les soins énergétiques… ce qui a pu prolonger inutilement leurs symptômes.

En clair : les remèdes naturels peuvent faciliter la récupération, mais ne doivent pas empêcher l’accès aux traitements validés scientifiquement.

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