L’Assurance maladie fait face à une levée de boucliers. Alors qu’elle tente de réduire la prescription d’arrêts de travail par les généralistes, ces derniers dénoncent une pression excessive et une méthode contestable. Les syndicats médicaux s’élèvent contre cette approche perçue comme une remise en cause de leur liberté professionnelle.
Pourquoi l’Assurance maladie cible-t-elle les médecins généralistes ?
Depuis quelques semaines, l’Assurance maladie a lancé une campagne visant les médecins généralistes jugés « les plus prescripteurs » d’arrêts maladie. L’objectif est clair : obtenir un engagement écrit pour réduire leurs prescriptions de 20 %. Cette initiative concerne environ 500 praticiens dans toute la France, avec une première vague opérationnelle dès le 1er septembre 2025.
Ces mesures font grincer des dents dans la communauté médicale. Selon Agnès Giannotti, présidente du principal syndicat de généralistes libéraux en France, il ne s’agit pas ici de fraude ou d’abus, mais bien de patients souffrant de pathologies réelles nécessitant un repos prolongé.
Une pression perçue comme injuste et inefficace
Les médecins soulignent que les arrêts longs sont rarement décidés à la légère. Ils répondent à des besoins médicaux avérés, souvent liés à des troubles musculosquelettiques, des problèmes psychologiques ou des maladies chroniques. Imposer une baisse systématique de 20 % revient donc, selon eux, à pénaliser des patients vulnérables.
La campagne actuelle rappelle une initiative similaire menée en 2023-2024, qui avait suscité une forte opposition. Aujourd’hui, les syndicats recommandent aux médecins concernés de refuser cette mise sous objectif. Un refus qui entraîne automatiquement une procédure encore plus contraignante : la mise sous accord préalable. Désormais, chaque arrêt de travail devra être validé par un médecin-conseil de l’Assurance maladie.
Des dépenses en hausse : un motif légitime de contrôle ?
L’Assurance maladie justifie ses actions par une augmentation significative des dépenses liées aux indemnités journalières. Sur les quatre premiers mois de 2025, ces coûts ont progressé de 6,7 %. Le risque est désormais de dépasser de 500 millions d’euros les prévisions initiales du budget de la Sécurité sociale.
Toutefois, les généralistes insistent sur le fait que contrôler les médecins n’est pas la solution miracle. Selon MG France, cette approche est contre-productive et ignore les réalités sociales et économiques qui poussent les patients à demander des arrêts prolongés.
Un climat tendu entre les praticiens et l’institution
Pour les médecins, cette politique crée une relation conflictuelle avec l’Assurance maladie. Elle pourrait même nuire à la qualité des soins. Comment un généraliste pourrait-il faire abstraction des besoins de ses patients pour simplement respecter un quota imposé de l’extérieur ?
Agnès Giannotti a été claire lors d’une récente conférence de presse : « Nous sommes coincés », expliquant que les généralistes se retrouvent pris entre la réalité clinique et une pression administrative grandissante.