Depuis des décennies, les œufs étaient diabolisés pour leur teneur en cholestérol. Une nouvelle étude majeure vient bouleverser cette idée reçue, en prouvant que cet aliment quotidien ne serait pas l’ennemi de notre santé cardiovasculaire.
Le cholestérol, un lipide essentiel mal compris
Le cholestérol est un lipide indispensable au bon fonctionnement de l’organisme. Il participe notamment à la fabrication des hormones et des membranes cellulaires. Pourtant, lorsqu’il est présent en excès sous forme de LDL (le fameux « mauvais cholestérol »), il peut favoriser les maladies cardiovasculaires.
En France, près de 20 % des adultes présentent un taux élevé de cholestérol. Pendant longtemps, cela a entraîné l’interdiction implicite de certains aliments – comme les œufs – jugés trop riches en cholestérol. Mais cette vision simpliste commence à être remise en question.
Une étude qui bouleverse les idées reçues
Une étude menée par l’Université d’Australie du Sud (UniSA) et publiée dans The American Journal of Clinical Nutrition vient apporter une preuve solide : la consommation d’œufs n’augmente pas nécessairement le taux de mauvais cholestérol.
Les chercheurs ont suivi 61 adultes en bonne santé, répartis en trois groupes. Chacun a suivi un régime différent pendant cinq semaines, avec des périodes de repos entre chaque phase. L’un des régimes incluait deux œufs par jour – riches en cholestérol mais faibles en graisses saturées.
Résultat ? Ce régime a entraîné une baisse significative du LDL, comparé à un régime plus riche en graisses saturées mais sans œufs. Plus surprenant encore : le régime sans œufs n’a pas montré de résultats supérieurs en termes de réduction du cholestérol.
Des bienfaits méconnus des oeufs
Au-delà de leur impact sur le cholestérol, les œufs se révèlent être une source riche en nutriments essentiels. L’étude a mis en évidence une augmentation des caroténoïdes bénéfiques – comme la lutéine et la zéaxanthine – chez les participants consommant des œufs quotidiennement.
Ces antioxydants jouent un rôle clé dans la santé oculaire, cérébrale et dans la réduction de l’inflammation. Ces résultats rejoignent ceux d’une méta-analyse de 2020, publiée dans la même revue scientifique, qui concluait que la consommation d’œufs (plus d’un par jour) n’était pas associée à un risque accru de maladie cardiovasculaire, mais plutôt à une réduction significative du risque de maladie coronarienne.
Qui est vraiment responsable du cholestérol élevé ?
Une idée claire s’impose désormais : le cholestérol alimentaire n’est pas le principal responsable de l’excès de cholestérol sanguin. En réalité, le corps humain produit lui-même la majorité du cholestérol présent dans le sang, et ajuste sa production en fonction des apports alimentaires.
Ce sont surtout les graisses saturées – présentes dans les viandes grasses, les produits industriels ou certains produits laitiers – qui influencent négativement le profil lipidique. Elles stimulent le foie à produire davantage de LDL.
Comme le souligne Jon Buckley, chercheur principal de l’étude : « Lorsqu’il s’agit d’un petit déjeuner cuisiné, ce ne sont pas les œufs dont vous devez vous soucier, mais la portion supplémentaire de bacon ou de saucisse qui sont les plus susceptibles d’avoir un impact sur votre santé cardiaque. »
Une révolution nutritionnelle en marche
Cette étude s’inscrit dans une tendance plus large de remise en question des recommandations nutritionnelles standardisées. Aux États-Unis, le projet ambitieux Nutrition for Precision Health, financé par les National Institutes of Health, vise à mieux comprendre les interactions entre alimentation, microbiome et santé globale.
Autrement dit, l’avenir de la nutrition pourrait bien être personnalisé – et les œufs, loin d’être bannis, pourraient retrouver toute leur place dans une alimentation équilibrée.