Chaque année, des milliers de personnes succombent à une maladie qu’elles ignoraient parfois avoir. La coronaropathie, première cause de mortalité cardiovasculaire, frappe souvent sans prévenir. Elle se développe lentement, en catimini, rongeant les artères du cœur jusqu’à provoquer une crise cardiaque, un arrêt cardiaque, voire la mort. Pourtant, elle est en grande partie évitable. Comprendre ses causes, reconnaître ses symptômes, adopter les bons traitements et surtout, prévenir son apparition, peut sauver des vies. Voici ce que vous devez savoir sur cette pathologie redoutable, mais maîtrisable.
Qu’est-ce que la coronaropathie ?
La maladie coronarienne, plus couramment appelée coronaropathie, est une affection chronique qui touche les artères responsables de l’irrigation du cœur. Lorsque celles-ci se rétrécissent ou s’obstruent, le muscle cardiaque reçoit moins d’oxygène. C’est le début d’un processus dangereux, souvent silencieux, qui peut mener à l’infarctus du myocarde.
Il existe plusieurs formes de coronaropathie. La plus fréquente est la forme obstructive, où une plaque d’athérome bloque partiellement ou totalement une artère coronaire. Moins courante mais tout aussi grave, la dissection spontanée de l’artère coronaire (DSAC) survient lorsqu’une déchirure apparaît dans la paroi du vaisseau. Une autre variante, la coronaropathie non obstructive, concerne des anomalies fonctionnelles des petits vaisseaux, particulièrement fréquentes chez les femmes.
Les hommes sont généralement touchés plus tôt, souvent une dizaine d’années avant les femmes. Cette protection relative chez les femmes est liée aux œstrogènes, qui disparaissent après la ménopause. À partir de 75 ans, les femmes dépassent les hommes en termes de prévalence et de mortalité.
Dans les pays développés, la coronaropathie est la première cause de décès, responsable d’environ un tiers des décès liés aux maladies cardiovasculaires. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, entre 2 % et 9 % des adultes de plus de 20 ans sont concernés, selon le sexe et l’origine ethnique. Les personnes d’ascendance africaine sont particulièrement exposées, avec un risque accru de décès prématuré.
Les causes : quand l’athérosclérose s’installe
La cause principale de la coronaropathie est l’athérosclérose, un durcissement progressif des artères dû à l’accumulation de plaques. Celles-ci sont composées de cholestérol, de calcium et de débris cellulaires. Ce processus peut commencer dès l’enfance, bien avant l’apparition des premiers symptômes.
Lorsqu’une plaque se rompt, elle provoque la formation d’un caillot sanguin. Si celui-ci obstrue complètement une artère coronaire, il entraîne une crise cardiaque. Ce mécanisme est à l’origine de nombreuses urgences vitales.
De nombreux facteurs de risque entrent en jeu. Certains sont modifiables. D’autres, non.
Les facteurs de risque modifiables
Hypertension artérielle : elle fragilise les parois des artères.
Cholestérol élevé : en particulier le LDL, dit « mauvais cholestérol ».
Diabète : il accélère le vieillissement des vaisseaux.
Surpoids et obésité : liés à l’inflammation chronique.
Alimentation déséquilibrée : trop riche en graisses saturées, en sucres raffinés, en sel.
Sédentarité : absence d’activité physique régulière.
Tabagisme : il double le risque de maladie coronarienne.
Consommation excessive d’alcool : plus de deux verres par jour augmente significativement le risque.
Stress chronique et dépression : ils impactent directement le système cardiovasculaire.
Les facteurs de risque non modifiables
Âge : le risque augmente après 45 ans chez l’homme, 55 chez la femme.
Sexe masculin : les hommes sont plus exposés jeunes.
Ménopause : la protection hormonale disparaît.
Antécédents familiaux : un parent touché avant 55 ans (homme) ou 65 ans (femme) augmente le risque.
Origine ethnique : les personnes d’ascendance africaine ont un risque plus élevé.
Prééclampsie pendant la grossesse : facteur de risque à long terme.
Hypothyroïdie et hyperhomocystéinémie : troubles métaboliques peu connus mais significatifs.
Symptômes : ne les ignorez pas
Les signes de la coronaropathie peuvent être classiques… ou très discrets. La douleur thoracique, souvent décrite comme une oppression ou une brûlure au centre du thorax, est le symptôme le plus connu. Elle peut irradier vers le bras gauche, la mâchoire, le cou ou le dos. Elle survient généralement à l’effort et disparaît au repos.
Mais attention : chez les femmes, les diabétiques ou les personnes âgées, les symptômes sont souvent atypiques. On observe alors :
Essoufflement inexpliqué ;
Fatigue intense ;
Nausées ou indigestion ;
Étourdissements ;
Anxiété soudaine.
Ces manifestations peuvent être ignorées, confondues avec un trouble digestif ou un coup de fatigue. Pourtant, elles peuvent annoncer une crise cardiaque imminente.
Sans traitement, la coronaropathie progresse. Elle peut entraîner un infarctus du myocarde, un accident vasculaire cérébral ou un arrêt cardiaque.
Traitements : ralentir la maladie, sauver le cœur
Il n’existe pas de guérison complète de la coronaropathie. En revanche, il est possible de ralentir sa progression, de soulager les symptômes et de prévenir les complications.
Le traitement repose sur trois piliers : les médicaments, les interventions chirurgicales et les changements de mode de vie.
Médicaments clés
Antiagrégants plaquettaires (comme l’aspirine) : pour éviter la formation de caillots.
Bêtabloquants : réduisent la fréquence cardiaque et la pression artérielle.
Inhibiteurs de l’ECA : protègent le cœur et les vaisseaux.
Statines : abaissent le cholestérol et stabilisent les plaques.
Nitrates (comme la nitroglycérine) : soulagent les douleurs thoraciques.
Interventions chirurgicales
Angioplastie coronaire (ou ICP) : un ballonnet dilate l’artère rétrécie, souvent complété par la pose d’un stent.
Pontage coronarien (PAC) : création d’un détour à l’aide d’un vaisseau greffé pour contourner l’obstruction.
Ces procédures sont décisives en cas de lésion sévère ou d’infarctus en cours.
Prévention : votre meilleur allié
La prévention est la clé. Jusqu’à 80 % des cas de coronaropathie pourraient être évités grâce à un mode de vie sain.
Voici les mesures essentielles :
Arrêter de fumer : le risque de maladie cardiaque diminue de moitié dès la première année après l’arrêt.
Pratiquer une activité physique : 30 minutes de marche rapide par jour réduisent significativement le risque.
Adopter une alimentation équilibrée : riche en fruits, légumes, fibres, oméga-3, pauvre en sel, en sucres ajoutés et en graisses saturées.
Contrôler son poids : une perte de 5 à 9 kg peut avoir un impact majeur.
Surveiller sa tension, son cholestérol et sa glycémie : des bilans réguliers sont indispensables.
Réduire le stress : par la méditation, le sommeil de qualité ou le soutien psychologique.