Imaginez un intestin plus long que la normale, tordu sur lui-même, ralentissant le transit sans que vous sachiez pourquoi. C’est exactement ce que peut provoquer un dolichocôlon — une anomalie souvent silencieuse, mais potentiellement source de douleurs chroniques. Bien qu’il soit généralement bénin, il peut gravement perturber la qualité de vie. Derrière ce terme médical peu connu se cache une réalité vécue par de nombreuses personnes souffrant de constipation récidivante, de ballonnements persistants ou de douleurs abdominales inexpliquées. Et si votre inconfort digestif avait une cause anatomique bien précise ? Plongeons dans les mécanismes, les symptômes et les solutions concrètes face à cette affection méconnue.
Qu’est-ce qu’un dolichocôlon ?
Le mot dolichocôlon vient du grec dolichos, signifiant « long », et de côlon, désignant la partie terminale de l’intestin grêle. Il s’agit donc d’un allongement anormal du côlon, pouvant toucher une portion ou la totalité de cet organe. Alors que la longueur moyenne du côlon chez l’adulte se situe entre 120 et 150 centimètres, un dolichocôlon peut ajouter jusqu’à un mètre supplémentaire. Ce surplus de longueur crée des boucles et des torsions inattendues, ralentissant considérablement le transit intestinal.
Contrairement au mégacôlon, qui implique une dilatation du diamètre colique, le dolichocôlon n’affecte que la longueur. Toutefois, les deux anomalies peuvent coexister sous la forme d’un dolichomégacôlon, une condition plus complexe. Cette pathologie touche principalement le côlon sigmoïde, la section la plus proche du rectum, et est le plus souvent bénigne. Pourtant, elle peut déclencher des complications sérieuses si elle n’est pas prise en charge.
Les causes possibles du dolichocôlon
Les origines du dolichocôlon sont variées. Dans certains cas, il s’agit d’une anomalie congénitale, présente dès la naissance. Elle peut être associée à des syndromes génétiques comme la maladie de Marfan, une affection touchant le tissu conjonctif. D’autres facteurs acquis peuvent également jouer un rôle. L’intoxication chronique au plomb, appelée saturnisme, ou l’usage prolongé de substances comme les morphiniques, sont des causes documentées.
Des troubles endocriniens tels qu’une dysthyroïdie ou une acromégalie — une surproduction d’hormone de croissance — peuvent également favoriser l’allongement du côlon. Une prédisposition familiale est fréquemment observée : si un membre de votre entourage proche en souffre, vos risques augmentent. Mais dans de nombreux cas, aucune cause identifiable n’est trouvée. On parle alors de dolichocôlon idiopathique.
Symptômes : quand le côlon devient un fardeau
Le dolichocôlon ne se manifeste pas toujours. Certaines personnes vivent toute leur vie avec cette particularité anatomique sans jamais en ressentir les effets. Mais pour d’autres, les symptômes peuvent être invalidants. Le principal problème ? Un transit intestinal ralenti. Le bol alimentaire met plus de temps à traverser un côlon anormalement long. Pendant ce trajet, l’absorption excessive de liquide rend les selles sèches, dures et difficiles à évacuer.
Cela se traduit par une constipation chronique, parfois accompagnée de la formation d’un fécalome — un véritable bouchon de matières fécales durcies dans le rectum. Ballonnements, douleurs abdominales, gaz et bruits intestinaux gênants s’ajoutent souvent à ce tableau. Dans les cas plus graves, un volvulus du côlon peut survenir : le côlon s’enroule sur lui-même, bloquant partiellement ou totalement le transit. C’est une urgence médicale.
Les signes d’un volvulus sigmoïde incluent une absence de selles prolongée, un abdomen fortement distendu, des douleurs basses, des nausées et des vomissements. Sans traitement rapide, cela peut entraîner une perforation intestinale ou une péritonite. Par ailleurs, la constipation persistante augmente le risque de hémorroïdes, de fissures anales et même de prolapsus rectal.
Traitements et prise en charge : comment retrouver un transit serein
La prise en charge du dolichocôlon est essentiellement symptomatique. L’objectif ? Prévenir les complications et améliorer le confort quotidien. Dans la majorité des cas, une intervention chirurgicale n’est pas recommandée. Le risque de compromettre le fonctionnement intestinal — par lésion des nerfs ou des muscles — est trop élevé. La chirurgie n’est envisagée qu’en dernier recours : en cas de constipation sévère résistant aux traitements, ou de sub-occlusion répétée.
Le traitement médical repose sur plusieurs piliers. Les antispasmodiques et antalgiques permettent de soulager les douleurs. Les laxatifs et les lavements aident à réguler le transit. Certains patients bénéficient de cures thermales, notamment dans des établissements spécialisés comme ceux d’Alet-les-Bains ou de Brides-les-Bains, où hydrothérapie et cure de boisson sont utilisées pour stimuler le fonctionnement intestinal.
Alimentation et hygiène de vie : des clés essentielles
Une alimentation riche en fibres est souvent conseillée : légumes, fruits, légumineuses, céréales complètes, haricots. L’objectif est d’atteindre 30 à 45 grammes de fibres par jour, tout en buvant suffisamment d’eau — au moins 1,5 litre — pour ramollir les selles. Mais attention : cette recommandation n’est pas universelle.
Chez certaines personnes, un apport élevé en fibres peut aggraver les symptômes. En effet, les fibres augmentent le volume des selles, qui peuvent alors s’accumuler dans les boucles du côlon, favorisant une occlusion. Dans ces situations, on privilégiera les laxatifs lubrifiants et les lavements, associés à des traitements antispasmodiques si nécessaire. L’écoute du corps et un suivi médical régulier sont donc indispensables.