Le sucre serait-il innocent ? Une idée surprenante, mais défendue par des spécialistes de la nutrition. Selon le Dr Émilie Steinbach, invitée de RTL et auteure de *Votre santé optimisée*, ce n’est pas le sucre en tant que tel qui menace notre santé, mais la manière dont il est utilisé dans les produits ultra-transformés. Une révélation choc : ce n’est pas notre faiblesse qui nous fait craquer, c’est un système conçu pour nous rendre dépendants. Entre neurosciences, marketing agressif et formulations secrètes, découvrez comment l’industrie agroalimentaire façonne nos envies — et pourquoi nous ne sommes plus vraiment libres de choisir.
Le sucre n’est pas une drogue… mais il est utilisé comme tel
Contrairement à une idée largement répandue, le Dr Steinbach affirme clairement : “Un humain ne peut pas devenir addict au sucre comme il devient addict à la cocaïne.” Les études sur les rongeurs, souvent citées pour alimenter cette théorie, ne sont pas transposables à l’espèce humaine. En revanche, ce qui crée une dépendance réelle, c’est la combinaison savamment dosée de sucre, de gras et de sel présente dans les aliments industriels.
Ces trois composants activent ensemble le système de récompense du cerveau. Résultat : une poussée de dopamine intense, comparable à celle provoquée par certaines substances psychoactives. Mais ici, pas besoin de laboratoire clandestin. Le produit est en rayon, emballé de couleurs vives, et mis en avant à la caisse du supermarché.
Des aliments conçus pour piéger le cerveau
Les industriels ne laissent rien au hasard. Depuis des décennies, des équipes de chercheurs, ingénieurs et psychologues travaillent à concevoir des produits qui maximisent le “plaisir de croquer”. On parle de “formule du point idéal” : la dose exacte de sucre, de sel et de gras qui rend un aliment impossible à lâcher.
Les textures sont étudiées au micromètre près. Les arômes, artificiels ou nature-identiques, sont conçus pour exploiter nos préférences innées. Le tout est servi dans un emballage qui crie la santé, la minceur, ou le bien-être — alors que le produit est souvent vide de nutriments.
Et le pire ? Ces aliments ne rassasient pas. Ils donnent une fausse sensation de satiété, suivie d’un creux quelques heures plus tard. Le cerveau, conditionné, réclame à nouveau sa dose. C’est ce que les experts appellent la “boucle de la faim cachée”.
Une addiction de masse, silencieuse et légalisée
Entre 6 % et 50 % de la population pourrait souffrir d’addiction alimentaire, selon les critères utilisés. Un écart énorme, mais qui reflète la difficulté à cerner un phénomène encore mal reconnu médicalement. Pourtant, les symptômes sont là : envies compulsives, perte de contrôle, consommation malgré les conséquences négatives sur la santé.
Le Dr Steinbach insiste : “Nous ne sommes pas faibles. Nous sommes confrontés à des produits conçus pour suractiver notre cerveau.” Et ces produits sont partout. Dans les distributeurs automatiques. Dans les rayons enfants. Dans les plats préparés vendus comme “sains”. Même dans les yaourts “allégés” ou les barres “bio”.
Comment briser le piège ?
La première étape, c’est la prise de conscience. Reconnaître que certains aliments ne sont pas là pour nous nourrir, mais pour nous accrocher. Le Dr Steinbach recommande de se poser trois questions avant d’acheter un produit :
La liste des ingrédients est-elle longue et incompréhensible ? (sirop de glucose-fructose, maltodextrine, arômes artificiels…)
L’emballage promet-il un bien-être improbable ? (“0 % de matières grasses”, “idéal pour la forme”, “source de protéines”)
Le goût ou la texture semblent-ils “trop parfaits” pour être naturels ?
Des outils comme Open Food Facts permettent d’évaluer le degré de transformation d’un produit grâce à une note simple. Privilégier les aliments peu ou pas transformés — fruits, légumes, céréales complètes, protéines naturelles — est la meilleure stratégie de long terme.
En cas de compulsions répétées, il est essentiel de consulter un professionnel : médecin, nutritionniste, ou psychologue spécialisé en comportements alimentaires.
Et si la vraie santé venait de la liberté ?
Le débat dépasse la nutrition. Il touche à la liberté individuelle, à l’éthique industrielle, à la responsabilité collective. Nous ne mangeons pas ce que nous voulons. Nous mangeons ce qu’on nous vend. Et ce qu’on nous vend, c’est souvent du plaisir immédiat au détriment de la santé durable.
Le sucre, en fin de compte, n’est qu’un acteur parmi d’autres. Le vrai poison, c’est un système qui transforme la nourriture en produit de consommation, le corps en marché, et le cerveau en cible.